Que de rumeurs à propos du prochain sommet européen, dimanche à Bruxelles. Les commentateurs sont au moins d’accord sur le fait qu’il s’annonce comme essentiel pour la survie du « machin européen ». On ne peut plus éviter de masquer le désaccord de plus en plus profond entre la France et l’Allemagne. Et ce n’est pas fini ! Plus les choses iront mal, plus il faudra mettre de l’argent, plus on s’approche du moment où les Allemands partiront avec une autre devise et leurs propres billets. Reste à savoir la solution qu’ils préparent, en coulisses. S’il est bien certain que la décision est déjà prise, il y a encore une opacité certaine sur la manière de DEVISER.
Pour le moment, il faut faire bonne allure et faire comme si on était encore les meilleurs amis de l’Union européenne. Médiatiquement, à l’heure actuelle, on cherche à « surmonter les désaccords », tout en reconnaissant qu’ils sont nombreux. L’Express nous dit que l’un d’eux concerne notamment « le niveau de décote sur la dette grecque à imposer aux créanciers privés, sur la recapitalisation des banques mais surtout sur le rôle de la BCE dans le cadre du renforcement du FESF. Car dans cette tempête qui secoue la zone euro, la BCE ne s’imagine pas en sauveur. […] L’un des pommes de discorde entre la France et l’Allemagne vient du rôle de la BCE dans le sauvetage de l’euro. Paris voudrait que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) obtienne une licence de banque pour aller se refinancer auprès d’elle. Et démultiplier ainsi la capacité d’intervention du fonds limitée aux 440 milliards d’euros qu’il peut lever sur les marchés. Option refusée par l’institution dirigée par Jean-Claude Trichet et par l’Allemagne qui ne veulent pas que la BCE prête au Fonds en échange d’obligations d’Etats en difficulté comme garantie. Car cela fragiliserait son bilan et rendrait nécessaire une recapitalisation. Mais Berlin refuse de remettre la main à la poche. L’Allemagne préconise donc de permettre au FESF de jouer le rôle de garant pour faciliter l’obtention de prêts par les pays fragiles. Le fonds pourrait ainsi assurer à hauteur de 20 à 30% les crédits qui leur seraient accordés. Autrement dit, les ressources du fonds seraient utilisées pour favoriser un volume de prêts 3 à 5 fois supérieur par le secteur privé. Ce scénario n’impliquerait pas la BCE. Mais il est considéré comme « inacceptable » par l’Italie et l’Espagne selon une source européenne. Notamment car cela augmenterait à terme l’écart de rendement entre les dettes souveraines des pays en bonne santé et ceux qui feront jouer cette assurance ». (Source)
Malgré cela, on veut garder l’espoir… qui dit-on, fait vivre. Pourtant, on se souvent des propos exprimés par Jürgen Stark, lors de sa démission en qualité de chef économiste de la BCE. Son verdict est sans appel : si l’on succombe aux demandes des Français, « non seulement nous ruinerions notre réputation, mais la BCE serait aussi dépassée par la tâche, et son indépendance menacée ». Bref, derrière tous ces beaux discours, on voit en tout cas que la planche à billets fonctionne pour soutenir des cours d’actions de banque qui, sans cela, feraient de la chute libre.
Pour élever le débat, le banquier anonyme nous disait récemment en communication privée, que certains comptes numérotés appartenant à certaines « familles » sont étrangement pleins à craquer… prêts à faire feu. « Cela me rappelle un peu l’époque du printemps, juste avant l’attaque des bancaires françaises… » Lui, comme Trader Noé, se refuse (avec raison) à un scénario avec des dates. Les faits sont déjà suffisamment éclairants. Qui maintenant prendra la décision de précipiter la seconde étape de la grande bascule ? Une chose est cependant certaine : « elle aura lieu ».